vendredi 1 mai 2015

Le tour du Larzac méridional

Du 3 au 7 mai 2015 

Au recouide di draio (Au détour des chemins - Andriéu Resplandin)
L'orto di perfum maien,
Di faune e di glaujo d'or.
Lou vent que raubo li flour
E 'parspaio si fuioun
L'aigo blanco d'un sourgent
Que miraio un tros de cèu.
Dins lou vespre entre-dourmi
L'amista dis ouro manso.

Le jardin des parfums de mai,
Des faunes et des iris d'or.
Le vent qui vole les fleurs
Et disperse les pétales
L'eau limpide d'une source
Qui reflète un coin de ciel.
Dans le soir mi-endormi
L'amitié des heures douces.

Ce doux poème occitan illustre bien ma rando de ce début mai, 115 kilomètres à travers les causses du Larzac méridional, et les collines dominant la moyenne vallée de l'Hérault. Voici mon retour, dans lequel j'ai essayé de mettre en avant l'aspect documentaire, car le lyrisme ça ne remplit pas toujours une poche à eau (...pourquoi "pas toujours" ?).

Le parcours d'abord. Il emprunte des GR et des sentiers balisés, sauf la partie nord, de Sorbs à La Couvertoirade où j'ai traversé le Causse. Pas de chance, à cet endroit se trouve un domaine de chasse de 1000 ha, entouré de 15 kilomètres de clôture ! L'horreur. Il vaut mieux contourner. Une partie de ce territoire infranchissable est en hachuré sur ma carte. Le hors-sentier est difficile dans le sud du plateau du Larzac, dans les limites du département de l'Hérault, car les surfaces de prairies y sont moins étendues que les surfaces boisées. Et quand je dis boisées, je parle d'une couverture de buis très dense. La journée où j'ai dû traverser ce genre de végétation, je suivais les sentes créées par nos amis sangliers pour progresser tant bien que mal.

J'ai marqué les points d'eau que j'ai trouvé. C'est assez simple, on se désaltère principalement dans les villages et les gîtes, car le relief calcaire et karstique de la région engloutit la plupart des cours d'eau. Merci donc à ces municipalités.
Pour les commerces, c'est encore plus simple : il n'y a rien, sauf à Montpeyroux ou au Caylar en faisant le détour. Hors saison touristique, même les restaurants de La Couvertoirade sont fermés.
La liste de nourriture, impossible de l'écrire, je l'ai préparée au dernier moment comme d'habitude, et c'est un peu n'importe quoi. C'est un casse-tête et je pense que l'idéal serait de la préparer en premier. Je ferai comme ça pour la prochaine sortie.

Liste des points d'eau et de ravitaillement :
Montpeyroux : Fontaine sur la place. Plusieurs commerces dont un excellent boucher traiteur. Pour les plus assoiffés, les producteurs de vin sont nombreux. 
St Guilhem le désert : Fontaines sur la place de la liberté et rue du bout du monde sous un porche. Marché mardi et vendredi matin. Bars et restaurants. Tout en bas du village, le long de l'Hérault on m'a dit qu'il y a des commerces.
Ermitage ND de Belle Grâce : Derrière les bâtiments, la falaise abrite une source dont l'eau coule parcimonieusement. L'ermite (un vrai) nous laisse entrer à condition de respecter les lieux.
Hameaux des Lavagnes et du Mas d'Aubert : Les gîtes peuvent procurer de l'eau en cas de besoin.
Gîte de Rancas : La propriétaire m'a permis de me fournir en eau, disponible à l'évier de l'abri ouvert du rdc.
St Maurice Navacelles : Robinet dans le village.
Gorges de la Vis : Entre St Maurice-Navacelles et Navacelles, le chemin paraît longer de près la rivière sur la carte, mais en réalité il est très au dessus. On puise alors l'eau dans 3 ou 4 sources croisées sur le chemin, et surtout dans le canal dont l'eau est excellente.
Entre Navacelles et le moulin de La Foux, la Vis est souvent accessible. Un chemin descendant au moulin de la Foux permet aussi d'accéder au bord de l'eau.
Navacelles : Sanitaires près du vieux cimetière.
Vissec : Robinet au centre du village. Bien retenir que dans cette partie de la vallée de la Vis, la rivière est enfouie sous terre (d'où le nom de Vissec).
Sorbs : Robinet au centre du village.
La Couvertoirade : Sanitaires derrière la mairie. Restaurants (si ouverts).
Le Cros : Robinet au centre du village.
Saint Michel : Sanitaires derrière l'église.
La Vernède : Eau en contrebas du gîte d'étape.
St Pierre de La Fage : Robinet près de la mairie.
La Font du Griffe : Robinet à l'extérieur du gîte d'étape.

J'ai vu également 3 citernes au bord du chemin, dont l'eau est accessible, près des ruines de Larret au nord de St Guilhem par exemple.

La carte du parcours
La Cardabelle qui va me porter bonheur.
Montpeyroux se situe en limite de la grande plaine de l'Hérault. Alors je monte droit vers le nord, sous un ciel chargé de gris.
Les ruines du Castellas que je viens de visiter.




Je m'approche du Mont St Baudille, que je grimperai au retour, dans quelques jours. Les Asphodèles portent à la fois fleurs et fruits.

Dans la garrigue les abeilles se soûlent du pollen du thym.

Le sentier, en balcon au dessus de la vallée de l'Hérault, m'amène au cirque de l'Infernet, qui est vertigineux.

Saint Guilhem-le-désert est un village magnifique, un lieu de pélerinage et de tourisme. Comme je sais que je n'en aurai pas souvent l'occasion, je me paie un verre en terrasse.

 Sur le parvis de l'église, les pavés sont usés par des siècles de passage des caminaires.




 Et un chemin de Compostelle, un.


La calade qui monte vers le vieux château.





Je passe par l'ermitage de Belle Grâce, niché dans un vallon silencieux.


La source coule par un robinet. Il y a des petits avis accrochés partout : "fermez le robinet", "ne jetez pas vos ordures car le camion de ramassage ne passe pas ici", "faites silence", "respectez les lieux", etc. Que des choses évidentes, quoi.

J'inaugure ma Tarptent Notch, ce soir. A cause du double auvent elle occupe un peu plus de surface que je pensais.
L'intérieur est assez long pour me permettre de placer des affaires au pied et à la tête. Sur les côtés il y a aussi un peu de place. Je m'aperçois même qu'il est bon d'occuper cet espace car ainsi la toile intérieure est mieux tendu et ne touche pas la toile extérieure, côté plafond.

Deux exemples des délices cueillis direct nature : le thym pour des tisanes parfumées, tonifiantes et antiseptiques, et le fruit de l'Asphodèle, juteux et craquant. Dans l'Asphodèle tout est bon d'ailleurs, même si la valeur alimentaire est très faible. C'est juste pour le plaisir de cueillir.

Plus haut sur le Causse boisé de Pégairolles-de-Buèges, je trouve la pierre-levée du mas de Larret. Les mégalithes sont nombreux dans la région.

Au dessus du ruisseau du saut du loup, où il n'y a pas d'eau, je passe par le gîte du Rancas et demande de l'eau. Le robinet est à droite dans l'abri ouvert.

Dominant la vallée de la Vis, un canal destiné à alimenter une centrale électrique débite une quantité incroyable d'eau claire. Une aubaine pour moi car à ce moment là j'ai soif.

Le seul spot de bivouac que j'ai repéré dans cette vallée encaissée est ici, dans cette petite colline enlacée par une méandre de la Vis. Un sentier mène à d'anciennes terrasses abandonnées, et il faut vraiment chercher le bon emplacement.

Super ! le vieux chemin conduit aussi à la rivière, tout en bas. Le bonheur.
 Orchis pourpre, une des espèces d'orchidées que j'ai pu admirer en chemin. Le tubercule est comestible, mais ce serait dommage...
Anémone Pulsatille

Saint Maurice-Navacelles.

Moulin de la Foux. C'est la résurgence de la Vis qu'on voit là, parce qu'au dessus : fini, nada, plus de rivière à l'air libre.

A Vissec je fais une incursion dans le département du Gard.

A partir de Sorbs, le Larzac présente une image plus conforme à l'idée que j'en ai : un grand plateau assez aride.

Au moment où une famille entière de sangliers m'a fait face en grognant, je n'en ai pas mené large. Leur demi-tour m'a rassuré.

Arrivée en Aveyron. La cité templière de La Couvertoirade vaut un détour. Les rues en sont vides, ce n'est pas la saison touristique. Dommage que ce genre de lieu soit une espèce de boutique qu'on ouvre et qu'on ferme selon le rendement attendu. Enfin, c'est comme çà...







 Ce bivouac est classé moment historique.

Ma cuisine aménagée, tout le confort sur le palier.

Cette partie de la rando, au sud de La Couvertoirade, me fait traverser un grand espace ouvert. Le ciel s'est refait une beauté grâce à un vent du nord qui, en plus de me rafraîchir, dégage une belle vue vers le massif de l'Aigoual.

Un des trois menhirs alignés entre La Vernède et Saint Pierre de La Fage.




 Encore un village : Saint Michel...

...Et enfin le Mont Saint Baudille. De ses 848 mètres la vue est extraordinaire. A l'est : le Mont Ventoux, à l'ouest : le Mont Canigou et les Pyrénées, au nord : l'Aigoual, au sud : la méditerranée avec le cap d'Agde. Un panorama géant, quoi.

Il faut hélas redescendre.

Un bout de route à travers les vignes de Montpeyroux et j'arrive.


Dédicace à ces copains qu'on rencontre parfois et qu'on aime bien, même si, avec remords, on est souvent obligés de les chasser à coups de pierres. Car qu'est ce qu'ils sont collants !