Un peu de recherche de sens. J’aime bien me creuser la tête, alors, j’ai collecté des expressions françaises contenant le mot « porter » afin de chercher le lien entre ces expressions et ce qui peut nous motiver à nous décharger des poids inutiles, des objets sans objet et autres masses superflues. Le fait que ces expressions soient assez nombreuses est révélateur de la symbolique que porte ce verbe (en voilà déjà une, d’expression).
Je reste dans le domaine intellectuel et n’aborde pas la motivation pratique, évidente, qui veut qu’un sac de 6 kg soit moins lourd qu’un sac de 12 kg. Je ne veux pas non plus lancer un sujet trop intello, c’est ludique, sur le modèle des dictionnaires imaginaires tel celui de Flaubert, pas une thèse « de la signifiance d’une sémiologie du marcheur ultra-léger dans le contexte d’une sémantique liée au marcheur occidental. »
Tout le monde peut jouer .
1) Quand la charge est lourde
Porter ses efforts : pas prévu dans les listes d’équipement. On peut porter ses efforts sur un but. Mais si le but est le chemin, alors on n’a pas fini de porter ses efforts.
Porter son deuil : il est reconnu que la marche aide à éroder ce lourd fardeau qu’est la perte d’un être aimé, et d’autant mieux qu’on travaille à alléger ce qu’on emporte - jusqu’au jour où l’on repart le cœur léger.
Porter sa croix : fardeau spécifique aux chrétiens. Pas obligatoirement en bois.
Porter à confusion : peut alourdir les relations.
Porter son attention : il est vrai que cette action demande souvent un effort.
Porter préjudice : c’est partager notre charge de méfaits avec quelqu’un qui ne l’a pas demandé. Pas sympa. Attention à la culpabilité, qui est pesante.
Porter pâle (se faire) : étrange formule, exprimant qu’on ne veut rien porter, même le pâle.
Porter absent : concerne celui qui s’est fait porter pâle. Cela fera plus à porter pour ceux qui sont portés présents.
Porter un enfant : première étape avant de devoir le supporter.
Porter des cornes : voir
porter son deuil.
Porter quelqu’un en terre : et garder le poids des souvenirs.
Porter les armes : au risque de se dégouter du bivouac et de la marche.
Porter les couleurs : lourde responsabilité ; le comble serait de se faire porter pâle pour ne pas porter les couleurs. D'autant qu'il est toujours demandé de les porter haut.
Porter un nom : c’est parfois lourd, certains essaient d’ailleurs de se faire un prénom pour ne pas porter le passé de leur père. A une certaine époque, porter une particule conduisit à se voir alléger de la tête.
2) Quand il s’agit de s’élever
Porter ses fruits : pour le travail de recherche et d’échanges qu’on a réalisé sur le forum de randonner-léger.
Porter son regard : toujours loin de soi, sur la prochaine crête, sur un nuage, sur ses rêves, sur une randonneuse dont on aura tendance à se rapprocher, ce qui prouve qu’il n’y a pas de règle sans exception.
Porter aux nues : les anciens, les expérimentateurs d'allégements divers, qu’on remercie en regardant le ciel tout en grimpant d’un pas allègre.
Porter au pouvoir : et le critiquer ensuite. C’est plus correct.
Porter témoignage : impose de marcher à la rencontre des autres. Enrichissant si l’on a su nous-mêmes écouter leur témoignage.
Porter bien (se) : bien se porter aide à porter le reste, c’est inévitable.
Porter chance : peut venir d’un objet qu’on emporte ou d’une personne qu’on accompagne, mais indique surtout une croyance censée alléger notre angoisse de l’inconnu.
Porter secours : il suffit parfois d’être présent, de rassurer, et d’appeler ceux dont c’est le métier. Allège la conscience.
3) Inclassables
Porter à gauche : il n’est pas encore prouvé que çà puisse alléger quoi que ce soit.
Porter la barbe : permet d’avoir l’air sage et ne pas porter de rasoir. Mais combien pèse donc la barbe ?
Porter un coup : pas pour longtemps, puisqu’on le donne. Mais en général on nous le rend.