6 au 22 août 2014 : Trek Islandais du nord au centre
Le récit et les images - page 2
12 août – 6
Pas de pluie, mais les nuages rasent la terre et font traîner quelques rideaux de bruine légère. L’humidité est donc interminablement là. Je connaitrai un semblant d’éclaircie dans l’après-midi.
Après quelques kilomètres de piste en terre, je pique vers le sud-ouest à travers un large désert dont la structure est variée. C’est du sable noir formant parfois des dunes où pousse l’oyat, donnant au paysage un aspect de bord de mer. La lave, c’est le magma terrestre à portée de la main, donnant comme une sensation d’être à l’aube du monde, d’être témoin d’une étape de la formation de ma petite planète. Souvent le sol est un immense tapis de cailloux ronds, formant une surface plane et agréable à fouler. J’ai seulement le remords de voir mes pas marquer le terrain, et je me mets à espérer que l’érosion lui rendra l’intégrité d’avant mon passage. Ces vastes plaines sombres ont été créées par les éruptions volcaniques. Elles semblent stériles, mais avec le temps, car la nature est l’alliée du temps contrairement a nous qui le perdons et le recherchons sans fin, se reconstitue la vie ; de l’eau, du soleil, des oiseaux de passage, les éléments primordiaux, et la vie repart. J’en distingue les signes sous la forme de petits groupes de fleur : Arméries et Silènes, ou de modestes Saules Rampants.
Je dois être le seul humain à 25 kilomètres à la ronde et l’idée me plaît. Je croise seulement quelques oiseaux, et je pense que mon destin, pendant ces quelques jours, ressemble au leur (on peut rêver). Une vision enchanteresse m’apparaît dans l’après-midi : une grande silhouette blanche et flottante se déplace au dessus des rochers et se pose. L’oiseau fantomatique est loin, trop loin pour être photographié mais je le distingue assez pour reconnaître un Harfang des neiges. Il est superbe.
Avec ce ciel changeant, je découvre plusieurs fois en me retournant (puisque le soleil est devant moi) des arcs-en-ciel de toutes tailles, provoqués conjointement par les passages de ces nappes de bruine chatouillant la terre et par les apparitions fugaces de l’astre solaire. Pendant un moment, j’aurais presque pu toucher le pied de l’un d’entre eux, à quelques mètres de moi. Cette féérie aux sept couleurs enlumine mon expédition. Les Islandais s’en font d’ailleurs une fierté. Quand un fâcheux tourne en dérision le climat de leur pays, ils rétorquent qu’ils ont chez eux les plus nombreux et les plus beaux arcs-en-ciel du monde.
Ma solitude est rompue par la rencontre de deux allemands au refuge de Botni, où j’arrive en fin de journée. J’échange quelques mots avec eux et réfléchis sur la façon dont je vais passer la nuit. Ici en introduisant 2300 KR (environ 30 euros) dans la tirelire métallique fixée au mur, ou un peu plus loin sous la tente ? Le temps est médiocre. La température au thermomètre du refuge m’a indiqué 8°C à l’abri du montant d’une fenêtre, côté extérieur. Dans le vent je ressens plutôt 5 ou 6°C. Pourtant je choisis l’option tente, en partie pour économiser 30 euros car mon budget est très serré d’ici à Reykjavík. Et pas question de profiter des refuges sans déposer mon obole. Bien sûr, on peut aussi se promettre d’envoyer un don sur le site Internet de Ferðafélag Akureyrar, l’association Islandaise qui gère la hutte, mais bon. J’ai pris ma décision, ne serait que pour ne pas me complaire dans le confort (sic). Je plante ma Big Agnes contre une haute coulée de lave, qui m’abrite du vent du nord, après avoir aplani le sable et écarté le maximum de cailloux.
Dans la rivière toute proche, je réussis à surmonter la fraîcheur de l’air pour faire une toilette complète. Comme nous le ressentons tous à chaque fois que nous nous lavons à l’eau froide, une sensation de chaleur envahit mon épiderme, me procurant des sensations de bien-être. Le top du top, je le connaîtrai tout à l’heure en entrant dans mon cher duvet.
Mon seul loisir ce soir va être de choisir un repas parmi tous les paquets de Lyophilisé, que j’ai prévus variés. Je me suis bien fait à ce régime, mais en l’agrémentant d’un potage, d’un petit morceau de bœuf séché, un petit morceau de fromage, une tranche de pain tant qu’il en reste. En plus d’éprouver la satisfaction de manger à ma faim, je crois que le fait de préparer, en bivouac, ce qui ressemble à un vrai repas est excellent pour le moral, principalement par temps froid. Ainsi, l’esprit a la possibilité d’accéder à plus de liberté, permettant au son fin de la bruine qui se répand encore sur la toile de l’abri de se changer en musique, au sol caillouteux de se muer en terre magique.
Pas de pluie, mais les nuages rasent la terre et font traîner quelques rideaux de bruine légère. L’humidité est donc interminablement là. Je connaitrai un semblant d’éclaircie dans l’après-midi.
Après quelques kilomètres de piste en terre, je pique vers le sud-ouest à travers un large désert dont la structure est variée. C’est du sable noir formant parfois des dunes où pousse l’oyat, donnant au paysage un aspect de bord de mer. La lave, c’est le magma terrestre à portée de la main, donnant comme une sensation d’être à l’aube du monde, d’être témoin d’une étape de la formation de ma petite planète. Souvent le sol est un immense tapis de cailloux ronds, formant une surface plane et agréable à fouler. J’ai seulement le remords de voir mes pas marquer le terrain, et je me mets à espérer que l’érosion lui rendra l’intégrité d’avant mon passage. Ces vastes plaines sombres ont été créées par les éruptions volcaniques. Elles semblent stériles, mais avec le temps, car la nature est l’alliée du temps contrairement a nous qui le perdons et le recherchons sans fin, se reconstitue la vie ; de l’eau, du soleil, des oiseaux de passage, les éléments primordiaux, et la vie repart. J’en distingue les signes sous la forme de petits groupes de fleur : Arméries et Silènes, ou de modestes Saules Rampants.
Je dois être le seul humain à 25 kilomètres à la ronde et l’idée me plaît. Je croise seulement quelques oiseaux, et je pense que mon destin, pendant ces quelques jours, ressemble au leur (on peut rêver). Une vision enchanteresse m’apparaît dans l’après-midi : une grande silhouette blanche et flottante se déplace au dessus des rochers et se pose. L’oiseau fantomatique est loin, trop loin pour être photographié mais je le distingue assez pour reconnaître un Harfang des neiges. Il est superbe.
Avec ce ciel changeant, je découvre plusieurs fois en me retournant (puisque le soleil est devant moi) des arcs-en-ciel de toutes tailles, provoqués conjointement par les passages de ces nappes de bruine chatouillant la terre et par les apparitions fugaces de l’astre solaire. Pendant un moment, j’aurais presque pu toucher le pied de l’un d’entre eux, à quelques mètres de moi. Cette féérie aux sept couleurs enlumine mon expédition. Les Islandais s’en font d’ailleurs une fierté. Quand un fâcheux tourne en dérision le climat de leur pays, ils rétorquent qu’ils ont chez eux les plus nombreux et les plus beaux arcs-en-ciel du monde.
Ma solitude est rompue par la rencontre de deux allemands au refuge de Botni, où j’arrive en fin de journée. J’échange quelques mots avec eux et réfléchis sur la façon dont je vais passer la nuit. Ici en introduisant 2300 KR (environ 30 euros) dans la tirelire métallique fixée au mur, ou un peu plus loin sous la tente ? Le temps est médiocre. La température au thermomètre du refuge m’a indiqué 8°C à l’abri du montant d’une fenêtre, côté extérieur. Dans le vent je ressens plutôt 5 ou 6°C. Pourtant je choisis l’option tente, en partie pour économiser 30 euros car mon budget est très serré d’ici à Reykjavík. Et pas question de profiter des refuges sans déposer mon obole. Bien sûr, on peut aussi se promettre d’envoyer un don sur le site Internet de Ferðafélag Akureyrar, l’association Islandaise qui gère la hutte, mais bon. J’ai pris ma décision, ne serait que pour ne pas me complaire dans le confort (sic). Je plante ma Big Agnes contre une haute coulée de lave, qui m’abrite du vent du nord, après avoir aplani le sable et écarté le maximum de cailloux.
Dans la rivière toute proche, je réussis à surmonter la fraîcheur de l’air pour faire une toilette complète. Comme nous le ressentons tous à chaque fois que nous nous lavons à l’eau froide, une sensation de chaleur envahit mon épiderme, me procurant des sensations de bien-être. Le top du top, je le connaîtrai tout à l’heure en entrant dans mon cher duvet.
Mon seul loisir ce soir va être de choisir un repas parmi tous les paquets de Lyophilisé, que j’ai prévus variés. Je me suis bien fait à ce régime, mais en l’agrémentant d’un potage, d’un petit morceau de bœuf séché, un petit morceau de fromage, une tranche de pain tant qu’il en reste. En plus d’éprouver la satisfaction de manger à ma faim, je crois que le fait de préparer, en bivouac, ce qui ressemble à un vrai repas est excellent pour le moral, principalement par temps froid. Ainsi, l’esprit a la possibilité d’accéder à plus de liberté, permettant au son fin de la bruine qui se répand encore sur la toile de l’abri de se changer en musique, au sol caillouteux de se muer en terre magique.
13 août – 7
J’ai passé une bonne nuit et je reprends la piste, non sans encore me féliciter chaudement pour le choix de l’emplacement du bivouac (quand c’est bien, il ne faut pas hésiter).
C’est encore une piste de terre volcanique assez banale que j’emprunte mais la beauté est dans les détails, la diversité des formes rocheuses, les bouquets roses et verts des Arméries se détachant sur le sable noir, et encore et surtout mes amis arcs-en-ciel.
Après une petite journée de marche sur, j’atteins le refuge de Dyngjufell vers 16h30. Quelques minutes de réflexion et je décide m’installer dans le refuge car je n’aime pas l’aspect du ciel, que le coin est hostile, sans herbe, rocailleux, et que marcher à peine plus loin ne servira à rien d’autre qu’à gravir la chaîne montagneuse qui mène à Öskjuvatn (lac d’Askja). Il fait frais : 6 à 8°C à l’extérieur de la fenêtre, et 11°C au thermomètre placé à l’intérieur de la cabane. La température va monter royalement à 13°C à la faveur de ma présence.
Dehors le ciel s’éclaircit et le vent tombe. Ce serait de bon augure pour le lendemain pour celui qui ne saurait pas que le temps islandais change vite.
Le refuge est construit sur un rocher contourné par une petite rivière, dans laquelle j’ai puisé de l’eau en arrivant. Détail important, puisqu’en ressortant dans la soirée je m’aperçois que la rivière a cessé de couler. Le lit est quasiment à sec, hormis quelques flaques qui me permettent de faire ma toilette. Quelqu’un aurait-il fermé une vanne ? Mais il semble qu’il n’y ait aucune installation humaine à de nombreux kilomètres à la ronde, n’y aucune raison pour que ce cours d’eau soit commandé ainsi. Comme un randonneur l’a écrit dans le Guest Book : c’est le mystère de la rivière qui s’éteint.
Dans le livre d’or, j’écris un message signé de mon pseudonyme Jjondalar. Et dodo. Mais avant de dormir, je médite pour la première fois de cette randonnée sur ma solitude, sans doute parce que je suis dans un refuge, lieu emblématique de convivialité, et qu’une conversation avec un pote m’eut bien comblé, ce soir.
14 août — 8
24 kilomètres de montagne à parcourir aujourd’hui, puisque Askja est situé au milieu d’un massif circulaire et escarpé. La fameuse rivière a coulé au moins une fois cette nuit. Je ne comprends décidemment rien à ce phénomène. Bonne nouvelle : le soleil m’accompagne, les conditions sont très bonnes malgré de larges névés et un vent de plus en plus en froid — il est assez faible mais m’a obligé tout de même à enfiler la cagoule. Je me retourne régulièrement pour admirer l’immensité du paysage que j’ai traversé.
Le col de Jónsskarð culmine à 1300 mètres et permet la bascule entre le nord et la gigantesque caldeira d’Askja. Après une longue marche dans les champs de neige posés au pied de la chaîne qui entoure le cratère, je décide d’arrêter de contourner les champs de lave pour les traverser en ligne droite pour rejoindre le Stora Viti, le petit lac. Et comme le plus court chemin n’est pas forcément le plus rapide dans un tel chaos “magmatiforme“, je bifurque un peu vers l’est pour rejoindre, quelques kilomètres de lave plus loin, le chemin et un petit flot de touristes venus du parking proche.
Le Stora Viti se trouve dans une cuvette très profonde, les pentes sont raides. Je ne vois comment certains marcheurs ont pu descendre pour aller s’y baigner. Pas grave, j’admire le paysage et continue ma route vers l’est. Un petit panneau m’apprend que les promeneurs doivent rester prudents autour de rives du lac car un séisme a eu lieu le 21 juillet, et a provoqué des glissements de terrain. Je ne suis pas là pour me promener et nous ne sommes plus le 21 juillet. Je ne risque donc rien. Hop c’est parti pour un nouveau col qui va me permettre de rejoindre le camping de Dreki. La montée se fait en suivant des traces sur un névé à flanc de montagne, m’aidant de mes bâtons en mode dahu. En haut je me retourne pour admirer une dernière fois le site d’Askja. C’est drôle, je n’y ai fait qu’un bref passage sans m’être laissé impressionner par ce lieu mythique chez beaucoup de randonneurs. La faute à la longueur de l’étape, à l’hélicoptère qui vrombissait sans arrêt, aux touristes, ou simplement parce que le lieu était trop attendu, trop prévu ? Passe un vent fort et glacé qui m’oblige à enfiler à nouveau cagoule et gants pour la descente.
Mon genou fragile, le gauche, faiblit nettement dans la pente descendante mais tient le choc. Tout en bas, le camping de Dreki est soumis lui aussi au vent que j’ai subi auparavant et j’installe la tente au centre d’un petit espace entouré d’un muret dressé par des locataires précédents, faisant ressembler mon campement à un mini camp néolithique. En m’aidant de nombreuses pierres, j’arrive à maintenir la feuille de Polycree, qui doit servir de protection sous le tapis de sol de la tente et la toile de celle-ci. Cela n’empêche pas le Polycree de se déchirer. J’en perds un petit morceau, rien de très grave. Plus embêtant, le fond du tapis de sol de la tente se déchire autour du renfort d’attache, non par l’effet du vent mais à cause de tensions contradictoires et surtout trop fortes. Le ruban adhésif que j’ai emporté ne sert à rien, il ne tient pas sur le nylon enduit de la toile. Du fil et une aiguille eurent été plus efficace.
Dans ma petite maison de toile, je fais l’inventaire des vivres et des jours de marche passés et à venir. Pour un besoin d’autonomie totale et si je marche tous les jours restant, ce sera un peu juste mais jouable. La bouteille de gaz de 500 ml est maintenant fortement allégée mais la quantité de combustible restante me laisse une marge confortable.
A Dreki, rien à acheter au bureau d’information. Même pas un café. La nuitée coûte 1200 KR, qui incluent les 500 KR d’une douche chaude limitée à 5 minutes, ce qui suffit pour un lavage complet et permet d’ailleurs, en faisant vite, de laver du linge pendant la douche.
L’endroit est au bord d’une rivière qui fournit l’eau, d’un côté protégé par la chaîne de montagne entourant l’Askja, de l’autre côté ouvert aux vents surgissant d’une immense plaine traversée par une piste menant à l’Herðubreið, cette montagne mythique emplissant une partie de l’horizon à l’est. Au dessus de moi, des falaises et des blocs volcaniques aux teintes variées allant du rouge au brun me rappellent le pays, si je puis dire, car elles ressemblent assez bien à ce que je rencontre habituellement dans le massif de l’Estérel, également constitué de Rhyolites.
24 kilomètres de montagne à parcourir aujourd’hui, puisque Askja est situé au milieu d’un massif circulaire et escarpé. La fameuse rivière a coulé au moins une fois cette nuit. Je ne comprends décidemment rien à ce phénomène. Bonne nouvelle : le soleil m’accompagne, les conditions sont très bonnes malgré de larges névés et un vent de plus en plus en froid — il est assez faible mais m’a obligé tout de même à enfiler la cagoule. Je me retourne régulièrement pour admirer l’immensité du paysage que j’ai traversé.
Le col de Jónsskarð culmine à 1300 mètres et permet la bascule entre le nord et la gigantesque caldeira d’Askja. Après une longue marche dans les champs de neige posés au pied de la chaîne qui entoure le cratère, je décide d’arrêter de contourner les champs de lave pour les traverser en ligne droite pour rejoindre le Stora Viti, le petit lac. Et comme le plus court chemin n’est pas forcément le plus rapide dans un tel chaos “magmatiforme“, je bifurque un peu vers l’est pour rejoindre, quelques kilomètres de lave plus loin, le chemin et un petit flot de touristes venus du parking proche.
Le Stora Viti se trouve dans une cuvette très profonde, les pentes sont raides. Je ne vois comment certains marcheurs ont pu descendre pour aller s’y baigner. Pas grave, j’admire le paysage et continue ma route vers l’est. Un petit panneau m’apprend que les promeneurs doivent rester prudents autour de rives du lac car un séisme a eu lieu le 21 juillet, et a provoqué des glissements de terrain. Je ne suis pas là pour me promener et nous ne sommes plus le 21 juillet. Je ne risque donc rien. Hop c’est parti pour un nouveau col qui va me permettre de rejoindre le camping de Dreki. La montée se fait en suivant des traces sur un névé à flanc de montagne, m’aidant de mes bâtons en mode dahu. En haut je me retourne pour admirer une dernière fois le site d’Askja. C’est drôle, je n’y ai fait qu’un bref passage sans m’être laissé impressionner par ce lieu mythique chez beaucoup de randonneurs. La faute à la longueur de l’étape, à l’hélicoptère qui vrombissait sans arrêt, aux touristes, ou simplement parce que le lieu était trop attendu, trop prévu ? Passe un vent fort et glacé qui m’oblige à enfiler à nouveau cagoule et gants pour la descente.
Mon genou fragile, le gauche, faiblit nettement dans la pente descendante mais tient le choc. Tout en bas, le camping de Dreki est soumis lui aussi au vent que j’ai subi auparavant et j’installe la tente au centre d’un petit espace entouré d’un muret dressé par des locataires précédents, faisant ressembler mon campement à un mini camp néolithique. En m’aidant de nombreuses pierres, j’arrive à maintenir la feuille de Polycree, qui doit servir de protection sous le tapis de sol de la tente et la toile de celle-ci. Cela n’empêche pas le Polycree de se déchirer. J’en perds un petit morceau, rien de très grave. Plus embêtant, le fond du tapis de sol de la tente se déchire autour du renfort d’attache, non par l’effet du vent mais à cause de tensions contradictoires et surtout trop fortes. Le ruban adhésif que j’ai emporté ne sert à rien, il ne tient pas sur le nylon enduit de la toile. Du fil et une aiguille eurent été plus efficace.
Dans ma petite maison de toile, je fais l’inventaire des vivres et des jours de marche passés et à venir. Pour un besoin d’autonomie totale et si je marche tous les jours restant, ce sera un peu juste mais jouable. La bouteille de gaz de 500 ml est maintenant fortement allégée mais la quantité de combustible restante me laisse une marge confortable.
A Dreki, rien à acheter au bureau d’information. Même pas un café. La nuitée coûte 1200 KR, qui incluent les 500 KR d’une douche chaude limitée à 5 minutes, ce qui suffit pour un lavage complet et permet d’ailleurs, en faisant vite, de laver du linge pendant la douche.
L’endroit est au bord d’une rivière qui fournit l’eau, d’un côté protégé par la chaîne de montagne entourant l’Askja, de l’autre côté ouvert aux vents surgissant d’une immense plaine traversée par une piste menant à l’Herðubreið, cette montagne mythique emplissant une partie de l’horizon à l’est. Au dessus de moi, des falaises et des blocs volcaniques aux teintes variées allant du rouge au brun me rappellent le pays, si je puis dire, car elles ressemblent assez bien à ce que je rencontre habituellement dans le massif de l’Estérel, également constitué de Rhyolites.
15 août – 9
J’ai eu beau dégager le sol du plus grand nombre de cailloux possible, hier en m’installant, une petite caillasse saillante et rugueuse a percé mon matelas gonflable pendant la nuit. Je répare avec les patches Thermarest que j’ai emporté.
Cette longue étape se fait sur un terrain absolument plat, d’abord en contournant le lac de Dyngjuvatn, puis en longeant la piste tracée dans le désert de sable d’un gris profond— le ciel est d’une teinte presque semblable, et enfin à travers les méandres de Flaeður, ensemble de rivières provenant de la fonte du glacier de Dyngjujökull. L’eau s’étend sur des centaines de mètres de large, se divisant en nombreux bras plus ou moins profonds, qu’il est facile de franchir. Je dois pourtant enfiler les guêtres trois ou quatre fois. A moins de posséder un bon filtre, tout ce liquide n’est pas bon à boire. Il est trop boueux. Celui qui a besoin d’eau dans cette région peut toujours faire un détour vers le sud et gratter la neige du glacier. De loin en loin, des bornes en plastique jaune forment des repères difficilement repérables dans ce paysage. Elles sont surtout destinées aux pilotes des divers véhicules à moteur passant par là, afin de leur permettre, tant bien que mal, de ne pas quitter la piste et traverser aux endroits où l’eau est moins profonde.
Au départ, je projetais de bifurquer vers le nord-ouest et la montagne de Trölladyngja, comme me l’avait suggéré David, alias Bigfoot sur Internet. J’annule ce projet car le ciel est menaçant et très bas, je n’aperçois rien de ce sommet.
L’averse ne cesse de tomber depuis le début de l’après-midi. Après ces monotones mais insolites trente kilomètres de marche, je décide de m’arrêter à l’abri d’un relief de roches de lave, en utilisant les indispensables pierres pour consolider les sardines plantées dans le sol meuble.
J’écris ces lignes vers 20 heures (22 heures en France), assis sur un lit de sable noir tout en constatant une accalmie climatique qui sera de courte durée. Je ne me suis pas attardé à la toilette, bien que je ne manque pas d’eau. Ce temps a l’avantage de me faire économiser de l’eau, car je transpire peu et bois donc peu. Un litre aujourd’hui, et autant pour la cuisine et le reste.
J’ai eu beau dégager le sol du plus grand nombre de cailloux possible, hier en m’installant, une petite caillasse saillante et rugueuse a percé mon matelas gonflable pendant la nuit. Je répare avec les patches Thermarest que j’ai emporté.
Cette longue étape se fait sur un terrain absolument plat, d’abord en contournant le lac de Dyngjuvatn, puis en longeant la piste tracée dans le désert de sable d’un gris profond— le ciel est d’une teinte presque semblable, et enfin à travers les méandres de Flaeður, ensemble de rivières provenant de la fonte du glacier de Dyngjujökull. L’eau s’étend sur des centaines de mètres de large, se divisant en nombreux bras plus ou moins profonds, qu’il est facile de franchir. Je dois pourtant enfiler les guêtres trois ou quatre fois. A moins de posséder un bon filtre, tout ce liquide n’est pas bon à boire. Il est trop boueux. Celui qui a besoin d’eau dans cette région peut toujours faire un détour vers le sud et gratter la neige du glacier. De loin en loin, des bornes en plastique jaune forment des repères difficilement repérables dans ce paysage. Elles sont surtout destinées aux pilotes des divers véhicules à moteur passant par là, afin de leur permettre, tant bien que mal, de ne pas quitter la piste et traverser aux endroits où l’eau est moins profonde.
Au départ, je projetais de bifurquer vers le nord-ouest et la montagne de Trölladyngja, comme me l’avait suggéré David, alias Bigfoot sur Internet. J’annule ce projet car le ciel est menaçant et très bas, je n’aperçois rien de ce sommet.
L’averse ne cesse de tomber depuis le début de l’après-midi. Après ces monotones mais insolites trente kilomètres de marche, je décide de m’arrêter à l’abri d’un relief de roches de lave, en utilisant les indispensables pierres pour consolider les sardines plantées dans le sol meuble.
J’écris ces lignes vers 20 heures (22 heures en France), assis sur un lit de sable noir tout en constatant une accalmie climatique qui sera de courte durée. Je ne me suis pas attardé à la toilette, bien que je ne manque pas d’eau. Ce temps a l’avantage de me faire économiser de l’eau, car je transpire peu et bois donc peu. Un litre aujourd’hui, et autant pour la cuisine et le reste.
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